I'm not there

Publié le par Bénédicte Arcens

Pénible ! Deux heures et quart de confusion inspirée de la vie de Bob Dylan. Pas moins de six acteurs pour incarner les différentes facettes du chanteur à travers les âges : Arthur, le poète symboliste et rebelle, Woody, un gamin noir qui se fait passer pour le guitariste folk Woody Guthrie, Jack, un chanteur en phase avec son époque qui se convertira au christianisme, Robbie, un acteur qui vit une liaison tumultueuse avec une jeune peintre, Jude, un folk androgyne qui vire vers le rock, et enfin ( ouf !) Billy (the kid), un solitaire qui retrouve le chemin de la civilisation. Six acteurs dans leur monde, qui se juxtaposent, se superposent et donnent le tournis. Six acteurs pour évoquer un personnage sans intérêt, à la philosophie de pacotille, qui comprend à peine ce qu’il dit, un chanteur pas plus rebelle qu’une certaine jeunesse de l’époque n’a pu l’être, défoncé, pseudo poète, politiquement correct dans ses engagements. Voilà l’image que l’on a de Bob Dylan à la sortie du film. On est loin d’une esquisse de génie insaisissable, telle que Bob a pu l’être dans l’inconscient collectif de plusieurs générations.

 

Une question reste sans réponse pour tous les spectateurs (comme moi !) connaissant moyennement l’icône : était-il réellement ce personnage pathétique, aux réflexions absurdes et aux raisonnements abscons, adulé par une jeunesse en manque de repères ou le film a-t-il accidentellement basculé dans la caricature jusqu’à en faire un pantin stéréotypé et ridicule ?

 

Rien n’est moins sure. La forme scénaristique penche vers le documentaire avec la récurrence de nombreux témoignages fictifs, quant à la superposition des acteurs, on la devine nécessaire pour proposer un portrait complet. Reste que « I’m not there », n’est pas une biographie fidèle du musicien mais bien une création cinématographique inspirée par ce qu’a pu représenter le personnage.

 

Que reste t-il autour de ce chaos visuel, scénaristique et lexical ? Une réalisation malgré tout inventive, admettons-le. De la (bonne ?) musique bien sûr. Et Cate Blanchett, dans le rôle de Jude, un androgyne se perdant dans ses errances, un travail d’interprétation phénoménal, hallucinant et halluciné qui sauve peut-être le film à lui tout-seul.

 

 

Sortie le 5 Décembre

 

 

Publié dans Cinéma

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