Le bonheur d'Emma

Publié le par Bénédicte Arcens

Biodégradable.

 

Deux solitudes qui se rencontrent. Celle de Max et Emma. Lui est concessionnaire, en phase terminale d’un cancer du pancréas ; elle, croule sous les dettes de sa ferme, au milieu de ses cochons. Décidé à vivre pleinement ses derniers instants, Max pique dans la caisse une grosse somme d’argent et s’enfuit. Un accident de voiture va interrompre son parcours. Il atterrit dans une ferme, celle d’Emma, elle le soigne, le recueille, ils tombent vite amoureux.

 

Il s’agit d’un film sur la vie, sur la mort, sur le bonheur des petits riens, du quotidien sans emphase mais aussi sur la réalité brute de la nature. Une réalité mise en image sans retenue, tuyaux, boyaux, viscères, tripes, vomissures, tout y est, au point que, nauséeux soi-même, on a un peu de mal a rentrer dans cette histoire d’amour naissante. Une attirance qui paraît même improbable, tant les personnages sont nés pour ressentir peu d’empathie l’un pour l’autre. Max, organisé, aime l’ordre et le propre, on le devine subtil, Emma se vautre dans sa crasse et celle de ses cochons au point d’en devenir porcine elle-même, ronde, peau épaisse, nez épaté, caractère franc mais gras.

 

Peu à peu l’histoire se met en place, la mort vient ronger l’idylle bucolique, la nature reprend ses droits mais l’amour s’infiltre dans chaque regard et dans chaque geste pour dérouter la fatalité. Les personnages deviennent attachants et graves. Jurgen Vogel et Jordis Triebel, remarquables, jouent le bonheur de l’éphémère avec une authenticité fragile, ils sauvent la mise, l’émotion est là.

 

Le réalisateur, Sven Taddicken, nous offre, avec cette adaptation du roman de Claudia Schreiber, une histoire d’amour condamnée aux accents un peu trop rustiques mais qui ne cède jamais à la facilité de sombrer dans le pathos. Le bonheur d’Emma mérite, à ce titre, d’être salué.

 

Le bonheur d’Emma.

Réalisation Sven Taddicken

Sortie le 13 Juin 2007

Publié dans Cinéma

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